Blanchiment dentaire en France : ce que dit la loi, ce que montre la science, comment choisir sans se tromper.
En France, le cadre juridique est clair depuis la transposition de la directive européenne 2011/84/UE : tout produit bucco-dentaire vendu directement au consommateur ne doit pas dépasser 0,1 % de peroxyde d’hydrogène (H₂O₂), tandis que les produits contenant de 0,1 % à 6 % sont réservés aux chirurgiens-dentistes, avec une première application obligatoire en cabinet ou sous supervision directe et une interdiction chez les moins de 18 ans. Au-delà de 6 %, c’est interdit en cosmétique. Ces règles sont rappelées par la DGCCRF et s’inscrivent dans le Règlement (CE) n° 1223/2009 (annexe III, entrée 12).
Ce périmètre concerne les produits à base de peroxyde (hydrogène ou carbamide) qui libèrent du H₂O₂. À l’inverse, les produits sans peroxyde ou ne libérant pas de H₂O₂ (par exemple au PAP) ne relèvent pas de cette restriction spécifique, même s’ils restent soumis aux exigences générales des cosmétiques (sécurité, étiquetage, allégations fondées). La Fédération européenne des autorités de régulation dentaire (FEDCAR) l’a précisé en 2016 : l’annexe III vise les substances « contenant ou libérant » du H₂O₂ ; les autres agents blanchissants n’entrent pas dans ce champ.
Sur l’efficacité clinique, la littérature est robuste pour les peroxydes. Les comparaisons entre blanchiment au cabinet et à domicile concluent, dans l’ensemble, à des niveaux d’éclaircissement comparables lorsque l’on standardise concentration, durée et protocole, avec une sensibilité rapportée de façon similaire en moyenne — ce sont surtout la concentration et le temps de contact qui modulent les effets indésirables. Des synthèses récentes (revues systématiques/« umbrella reviews ») confirment ces tendances.
Pour le PAP (acide phtalimidoperoxycaproïque), des données cliniques et précliniques existent. Un essai randomisé en double aveugle a montré un éclaircissement significatif après une seule application d’un agent sans peroxyde par rapport au placebo à court terme ; des travaux plus récents décrivent des formulations radical-free au pH proche de la neutralité associées à une préservation de la microdureté et à une bonne tolérance in vitro/in situ. Comme toujours, la taille d’effet dépend du temps de contact, du type de taches (extrinsèques vs intrinsèques) et de l’adhésion au protocole.
Les dispositifs lumineux (LED, lampes bleues, lasers) restent un sujet débattu. Des études in vitro suggèrent une accélération possible de réactions oxydantes par la lumière, mais les résultats cliniques sont hétérogènes et, pour certaines longueurs d’onde, des baisse de microdureté ont été observées en laboratoire si la lumière est utilisée seule. En pratique, l’agent chimique et le temps d’exposition expliquent l’essentiel du résultat ; la lumière n’est pas une condition suffisante de blanchiment.
Côté tolérance et sécurité, l’objectivité impose trois leviers : chimie, pH, durée. Les peroxydes à plus forte concentration augmentent le risque de sensibilité transitoire ; d’où l’exigence de supervision pour 0,1–6 % dans l’UE. À l’inverse, des formulations proches du neutre et des sessions courtes limitent la probabilité de gêne, toutes choses égales par ailleurs. Les autorités sanitaires (DGCCRF, autorités nationales) rappellent que la sécurité des produits ≤ 0,1 % H₂O₂ en vente libre est acceptable dans des conditions normales d’usage, et que la prudence s’impose au-delà.
La maintenance du résultat repose sur l’hygiène et l’exposition aux chromogènes (café, thé, vin, tabac) plus que sur la multiplication des cures. Sur ce terrain, les dentifrices à nano-hydroxyapatite (n-HA) apportent un rationnel biomimétique : ils comblent des micro-défauts, favorisent la reminéralisation et réduisent la sensibilité ; plusieurs essais et synthèses récentes discutent une efficacité anti-carie et de désensibilisation, même si tous les niveaux de preuve ne sont pas équivalents selon les endpoints. L’usage quotidien en complément d’un protocole blanchissant est cohérent avec les données disponibles.
En pratique, un choix rationnel tient en trois points : vérifier le cadre légal (peroxydes : qui peut quoi et à quelle concentration), raisonner par mécanisme (oxydation des chromogènes + pH + temps) et planifier une entretien sobre (retouches ponctuelles, réduction de l’exposition aux pigments, dentifrice reminéralisant). Pour des taches extrinsèques courantes, les traitements à domicile bien formulés — y compris au PAP sans peroxyde — offrent un rapport efficacité/tolérance/coût attractif ; pour les dyschromies intrinsèques, l’escalade vers le cabinet s’impose.
Mentions utiles : en cas de douleur persistante, doute sur l’origine de la coloration (dents non vitales, fluorose) ou présence de restaurations esthétiques à assortir, l’avis d’un chirurgien-dentiste est la voie appropriée ; le cosmétique ne remplace pas le diagnostic.